J’ai besoin de témoigner, même si ce qui nous est arrivé n’est RIEN comparé au sort des victimes et leurs proches depuis hier. J’étais à République hier soir avec Mathilde, Sophie, Sybille et Céline. On a failli aller au Petit Cambodge et puis finalement, c’est au resto Les Parigots, quelques rues plus loin, que l’on s’est posées. On a bu du bon vin, on a parlé, on a ri, et puis on a reçu des tas de sms : « vous êtes planqués chez vous j’espère. Apparemment ça canarde à Paris ». Regards perplexes, entre nous et très vite avec les tables à côté. Le mot Bataclan fusait dans la salle. D’un coup, mouvement de panique : des gens ont couru dans la rue et se sont réfugiés dans le resto. On s’est tous planqués sous les tables, sans savoir si un mec armé s’était introduit lui aussi. Silence total. Juste des respirations et des pleurs étouffés. Les smartphones clignotaient à force de recevoir des sms. Une fille a rompu le silence et lancé « où est la chambre froide ? Fermez le rideau de fer ! ». Je serrais Math dans mes bras. Je m’attendais à voir des pas, des armes. La peur de ma vie. Quelques minutes seulement. Une éternité. Finalement, le gérant du resto nous a rassuré : « il n’y a personne, vous pouvez sortir ». On s’est extirpé de dessous les tables. Certains allumaient des clopes et pianotaient sur leurs téléphones en tremblant, d’autres réglaient l’addition pour partir le plus vite possible. Heureusement, Math habite à 30 secondes, on a couru jusque chez elle, on s’est enfermé à clé et on a allumé la télé. L’horreur, le carnage. Ce sentiment d’être passé juste à côté. Nous sommes choquées, émues, tristes, en colère. Mais nous allons essayer de garder la tête froide. De ne pas nous laisser emporter par la peur. Quand la tristesse sera passée, on continuera à parler, rire, sortir, boire du bon vin. A aimer Paris, nos amis et nos vies.
A notre belle jeunesse, touchée hier en plein cœur.
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