Ce matin, ma fenêtre était en coton.
La neige, pour moi, évoque l’enfance. Un moment précis où je devais avoir 6 ou 7 ans. Je me souviens avoir été réveillée par ma mère ouvrant les volets de la chambre de mon frère, où j’avais sans doute eu le droit de dormir parce qu’on avait été sages. On demandait souvent à dormir ensemble. Lui lisait ses BD sur le ventre dans son lit en bois foncé avec sa série de cadres d’illustrations de pirates au dessus de la tête. Je me souviens de son lit à l’ancienne, les vieux lits de famille, comme dans le Grand Chemin. J’avais le même dans ma chambre vieux rose et grise, à l’étage de la maison. On avait le droit de dormir ensemble de temps en temps. Dans ces cas-là, c’était toujours dans la chambre de Julien, toujours tête bêche, et c’était toujours la fête. Enfin au début en tout cas. Car il pouvait arriver qu’on se fasse séparer pour cause de bagarre à base de moulinets de jambes et cris de porcelet qu’on égorge (les miens). Je retournais alors dans ma chambre les sourcils froncés. Mais ça ne nous empêchait pas de redemander à dormir ensemble quelques jours après.
Alors je me souviens très bien de ce matin dans la chambre de Julien. C’était un matin de week-end, car on avait fait la grasse mat’. Un matin de décembre, aussi, un peu avant Noël car voir la neige arriver pour le réveillon avait ajouté à la surprise et au plaisir dans notre jolie campagne où la blancheur hivernale se faisait rare.
Maman avait pris le soin d’ouvrir les volets avant de nous réveiller, pour qu’on découvre la surprise en ouvrant les paupières. L’air frais s’était engouffré dans la chambre, nous encore bien au chaud sous la couette. Elle nous avait sans doute murmuré « réveillez-vous, il a neigé ! ». Peut-être même avait-elle fredonné « flocon papillon », la chanson d’Anne Sylvestre. Et on s’était précipités à la fenêtre, en pyjama bien épais, bleu marine rayé gris pour Julien, je ne sais plus la couleur du mien. Sans doute dans le même genre, ou alors orange peut-être. A part pour le papier peint de ma chambre, je n’étais pas très fan du rose, moi, petite. Je nous revois, tous les deux, le museau à l’air.
Je pense qu’on a du engloutir notre petit dej à toute vitesse, ou bien même enfiler directement doudounes, chaussures et bonnets pour courir se lancer des boules de neige dans le jardin. Ce jardin qui me paraissait immense, où on avait la place de courir, se cacher, faire de la luge en sac plastique dans la pente.
Voilà ce que m’évoque la neige. Alors ce matin, en plus de faire ressurgir ce doux souvenir d’enfance, elle m’a donné l’envie de ressortir mon bon vieux Canon de son tiroir, que j’avais quelque peu délaissé ces derniers temps. J’ai enfilé doudoune, chaussures et bonnet. J’ai mis mon museau à l’air, et laissé la chanson d’Anne Sylvestre bercer ce petit reportage photo.
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