Il me semble que chaque décennie réserve sont lot d’acceptations et donc, de transformations.
La trentaine se jouait pour moi essentiellement sur le terrain sentimental. Après un divorce et la mise à mal de mes douces illusions sur le couple et la famille, je suis restée sans le savoir en quête de la personne à côté de laquelle continuer à vivre intensément ce trajet sur terre… Un trajet dont l’une des plus grosses épreuves surmontées à ce jour consistait à déconstruire, doucement mais sûrement, ma vision de la maternité, puisque la vie avait décidé que ce ne serait pas ma trajectoire. Quelle chance d’avoir re-rencontré un matin de décembre le sourire de celui avec qui je voyage (léger et délestée) depuis bientôt 10 ans.
Mais c’était sans compter sur la quarantaine, qui ouvre d’autres portes sur d’autres réalités. Je suis confrontée à la perte progressive de mon audition. Une fragilité qui existe depuis ma naissance et qui s’accentue depuis plus de 15 ans maintenant. Petit à petit, le silence s’installe plus souvent que d’habitude… et de nouvelles envies en découlent. Des envies plus fortes et plus marquées, à la fois de continuer à orchestrer de beaux projets créatifs avec des personnes qui me touchent, et aussi des envies plus fréquentes de solitude et de création personnelle. Une sensibilité différente, propice à l’écoute de soi et des autres (paradoxalement).
Deux projets sont nés en 2024 et 2025 de cette fragilité, et je tiens à les partager ici, comme pour mieux les ancrer, mieux m’en souvenir.
Le premier a été de répondre à une interview au sujet de ma perte d’audition au micro d’Elisabeth Smeysters pour le podcast « Etat de Flow ». Elisabeth m’avait d’abord invitée pour parler de mon travail et finalement, elle m’a recontactée pour creuser ce sujet très sensible, dans tous les sens du terme. Cliquez sur l’image ci-dessous pour l’écouter :

Le second aura été d’en écrire une chanson, dont vous pouvez découvrir les paroles et la captation vidéo à la fin de ce billet. Elle s’appelle « Silence » et avec notre trio « Menthe Basilic », nous l’avons interprétée pour la première fois en public le soir de mes 46 ans. Tout un symbole.
Et pour finir, j’illustre ce billet par la photo d’un cadeau qui m’a été offert par un ami cher : une oreille en terre, grandeur nature, fixée sur une planche en bois. Une oreille pour représenter ma capacité d’écoute, à un moment où cet ami en avait plus que besoin.

Mon audition baisse, certes. J’entends moins bien, c’est certain. Mais on dirait bien que je sais encore écouter. Le monde, les autres, moi-même. Voire même, plus que jamais.
Silence
Dans la vie en sourdine
J’interprète et je devine
Mille couleurs cachées
Entre les lignes
Dans nos danses des signes
Nos yeux hurlent en silence
Et on sourit en coin
L’air de rien
Et puis quand vient l’aurore,
Que le silence est d’or,
Et les mots sont couchés
Je m’endors
Silence ça tourne pas rond
Les images ont remplacé les sons
Quand vous parlez tout bas je vois vos âmes en face
Et j’ai mille carnets pour que rien ne s’efface
Silence je tourne tout en dérision
Nouveau vocabulaire ultra son
Quand vous parlez tout bas je sais garder la face
Et j’ai mille carnets pour que rien ne s’efface
Les hirondelles rasent,
Le sol avant l’orage,
Vite un torrent d’images
Sauvages
Des mondes sous-titrés,
Des rires enregistrés,
Des acrobates muets,
Stylés
Et puis quand vient l’aurore,
Que le silence est d’or,
Et les mots sont couchés
Je m’endors
Silence ça tourne pas rond
Les images ont remplacé les sons
Quand vous parlez tout bas je vois vos âmes en face
Et j’ai mille carnets pour que rien ne s’efface
Silence je tourne tout en dérision
Nouveau vocabulaire ultra son
Quand vous parlez tout bas je sais garder la face
Et j’ai mille carnets pour que rien ne s’efface
Silence…
Ça tourne à l’obsession



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