« J’me tire, de toute façon, vous ne comprenez rien… » Qui n’a pas déjà dit ça à ses parents et ses frères et sœurs (ou envie de le dire très fort) avant d’aller s’enfermer dans sa chambre pour écouter de la musique, écrire, lire, fumer, juste réfléchir ? C’est ce que m’inspire cet ado aperçu par ma fenêtre, que je me suis empressée de photographier telle un agent-secret en pyjama derrière sa plante verte. Mais peut-être était-il simplement en train de kiffer la vibe tranquille. Un petit moment rien qu’à lui en tout cas. Pensif, concentré, rêveur.
Je crois que j’ai gardé une âme d’ado. A la fois par cette envie parfois de dire « allez j’me tire ». Ce que, avec l’expérience et la maturité, je réussis à plutôt bien maîtriser. Au boulot en tout cas, c’est ma priorité. Ensuite, que ceux qui m’aiment me pardonnent ! Mais aussi, et surtout, par ce besoin de me retrouver seule avec moi. La céramique fait partie de ces moments où je me retrouve. La photo, aussi. Et l’écriture… Mais ce qui a changé, c’est que je n’ai plus besoin de m’enfermer dans ma chambre. J’arrive à être seule, et bien, avec les autres. Surtout quand les autres sont, au même moment, bien, seuls avec eux-mêmes. C’est encore plus kiffant.
Ce plaisir, je le retrouve à l’atelier. Quand chacun se concentre autour de l’unique table d’une toute petite pièce, le son des trois tours à poterie en berceuse. Stratos, notre professeur, circule, conseille, mais souvent se tait et observe. Il vient remplir nos tasses (faites main ! celles que personne n’a jamais voulu rapporter chez soi, je vous laisse deviner les formes et les couleurs…) quand l’un d’entre nous a eu la générosité d’apporter une bouteille de vin ou un nouveau thé à déguster. Il faut dire qu’on a l’honneur de compter parmi nous Daniel, le chef du salon de thé Mariage Frère du Marais. La classe. Nous, on se montre des photos glanées sur Internet, on se questionne pour tenter de nouvelles techniques, on se raconte un peu nos vies aussi… et on crée.
Mais ce plaisir, je le trouve surtout pendant que j’écris ce blog. De plus en plus, et contre toute attente, car l’écriture a toujours été un exercice solitaire. J’aime me dire que je m’adresse à la fois à moi-même et à ceux qui s’intéressent à moi. Alors, lecteur ou lectrice de passage, bienvenue dans mon atelier virtuel, ma chambre à moi. Et merci d’être là.
Si vous avez l’oeil, vous verrez que cet ado n’est pas tout à fait seul. On aperçoit le haut d’une tête au dessus du toit. Seul et ensemble, quoi. Voici une autre illustration de cette solitude d’ado si puissante et créatrice, un extrait de l’excellent film CRAZY : la scène où Marc-André Grondin chante Major Tom de David Bowie seul dans sa chambre.
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