Autant me prendre une bonne pluie de grêlons en montagne me rend philosophe. Autant passer une semaine à tenter de tenir debout sur une planche de surf me fait l’effet de… comment dire… vous voyez une serviette éponge bien épaisse dans un lave-linge ? Non, mieux, un peignoir de bain. Flof flof flof flof… Et bien c’est moi dans les rouleaux de l’océan. Mais un beau peignoir, hein. Bien stylé, tout doux, avec de belles finitions. A la différence près que le peignoir, à la fin, il sent la Soupline. La combi de surf, je doute un peu de sa fraîcheur marine.
« Regarde la dune ! La duuune ! » Bon, il va pas me saouler plus longtemps Patrick Swayze. Certes, mon mono* a de belles dents et un dos bronzé constitué uniquement de muscles saillants (pas de colonne vertébrale, de poils, de grains de beauté, de cicatrices d’acné post-adolescente, non non, ça ne sert à rien, mettez-moi 30 kilos de dos musclé bronzé s’il vous plaît merci). Mais ça n’empêche qu’il devient légèrement vexant. Il n’arrête pas de me faire des grands gestes depuis le sable pour mimer la position « regard à l’horizon / jambes flex / bras en avant / fesses en arrière ». C’est bon quoi ! Et pourquoi c’est toujours moi qu’il appelle sur la plage pour faire répéter le mouvement au sec ? Hein ? Vous n’allez pas me faire croire que c’est pour ma jolie silhouette de california maki avant découpage moulée dans ma combi ou l’effet algues fraîche de ma chevelure de sirène à la sortie de l’eau… Non. Nous sommes au 3ème jour de la semaine de cours et je sais bien qu’il m’a choisie comme challenge. Je le vois d’ici, le soir, pendant l’after des moniteurs, autour d’une bière après une journée de dur labeur à regarder des Parisiens blancs comme des cachets tenter de prendre leurs premières vagounettes. « Les mecs, si celle-là j’arrive à la faire monter sur sa planche avant la fin de la semaine, vous me payez des coups jusqu’à la fin de la saison ! ».
Et ben il devra se les payer, ses mousses ! Je ne lui ai (me suis) pas fait ce plaisir. Ce n’est pourtant pas faute de m’être accrochée. La persévérance est d’ailleurs ma plus grande qualité. Dans un entretien d’embauche, je la dégaine toujours en premier. « Ma qualité ? Mais qui peut être aussi un défaut d’ailleurs hihi (rire d’humilité de merde), c’est la persévérance. Mais poussée à l’extrême, je peux devenir têtue et faire preuve d’une certaine autorité, envers les autres et aussi envers moi-même (regard sérieux et hochement de tête) ». Alors, en écrivant ces mots, une question me brûle les lèvres. Est-ce que hurler « Putain de bordel de merde ta mère la [BIIIIIIIIIIIIIP] » à destination de l’immensité dans laquelle je barbotte depuis 1h30 et/ou du paquebot qui me sert de planche est l’expression d’une autorité quelconque envers les autres et envers moi-même ? Pitêtre pitêtre…
Vous l’aurez compris, la prochaine fois je ne choisirai pas un sport de glisse. Ce qui est étrange, c’est ce que c’est EXACTEMENT ce je m’étais dit il y a 10 ans après ma première semaine de surf, puis après mon premier week-end de snowboard qui m’aura valu 6 mois de bouée orange fluo sur mon fauteuil de bureau pour cause de coccyx fêlé. Je ne sais pas trop ce que j’étais venue chercher ici, dans les Landes cet été, peut-être juste un changement d’air et le plaisir de faire de nouvelles rencontres. C’est en tout cas ce que j’ai trouvé. Alors cette petite amnésie m’aura permis de me connecter avec un tas de gens biens, drôles, sympathiques, encourageants, énervants aussi parce que EUX ils ont réussi à monter sur leur planche, que j’aurais plaisir à revoir à Paris ou ailleurs. UCEP forever.
*Bien sûr ce texte est une mini fiction, j’ai assuré toute la semaine en surf et toute ressemblance avec des personnes existantes serait un pur hasard.
Photothèque UCPA style (qui est la seule en maillot, pas prête du tout à aller se faire secouer dans les rouleaux ?) :
Est-ce que l’océan me veut aujourd’hui ?
Non je crois que je vais plutôt me faire une petite sieste sur le sable…Et qui dit sport, dit stretching ! Ça j’aimais bien. Quelle fière allure avec mon tapis de sol, nan ?
Crédits photos @ Mélanie Billaud / Alexandre Dermont / Sylvain Ninot
Centre UCPA de Port d’Albret (Aquitaine)
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