Il a une chemise rigolote avec des mini guitares et dans son bureau, c’est un joyeux bazar. Nigel, le fondateur du Don du Fel avec sa femme Suzy Atkins, scrute mon blog avec beaucoup d’attention. « C’est vous ça ? Waouh, mais vous êtes une communicante née ! » Holala, point trop n’en faut, j’ai juste un ptit blog perso sur lequel je parle de céramique, entre autres. Mais il semble sincère et ça fait bien plaisir. Holala bis, il est en train de regarder les photos de ma chercheuse d’or… Il plisse les yeux, me regarde en souriant, puis me lance avec son accent british : « Alors, qu’est-ce que vous voulez savoir ? »
TOUT ! Je veux tout savoir sur cet endroit incroyable. Sur l’histoire de cette navette spatiale ultra moderne couleur terre rouge designée par l’architecte Jacques Lacombe plantée au milieu d’une nature merveilleuse. Comment ce couple de soixante-dix ans, lui Anglais, elle Américaine, a atterri en Aveyron pour faire sortir de terre ce centre européen de la céramique contemporaine ? Comment ont-il réussi à pousser 50 000 passionnés et curieux chaque année à faire le détour (vraiment le détour, il n’y a pas d’autre raison de passer par le minuscule et charmant village du Fel) pour admirer des poteries et sculptures multicolores par centaines ?
« Nous sommes des réfugiés économiques », me souffle-t-il avec un sourire en coin. Et le voilà parti chercher un dossier derrière son ordinateur. Première photo : un paysage de montagnes et une flèche indiquant une toute petite bicoque. La seule. C’est là qu’ils se sont installés avec Suzy quand ils étaient un jeune couple de trentenaires hippies. Mais avant cela, le « design ingénieur » londonien a du passer certaines épreuves… « Quand Suzy a voulu faire de la poterie, et moi vivre avec Suzy, l’Angleterre nous a mis dehors. » Impossible d’imaginer installer un atelier à Londres, les prix sont exorbitants. Et puis Suzy est mariée, ils se plaisent mais leur histoire semble impossible. « Un jour, elle m’a dit OK je veux bien m’installer avec toi, mais où ? J’ai vendu mon appareil photo (5000 francs à l’époque !) et j’ai acheté un Volkswagen pour trouver LE lieu idéal. Il n’y avait que la France car en Angleterre nous n’aurions jamais rien pu acheter. Après trois mois de camping et de recherches, j’ai découvert cet endroit dans le Cantal. De retour à Londres, j’avais une adresse ET une barbe… il faut croire que ça lui a plu car elle a tout quitté et m’a suivi ». Résultat, ils passent Noël 72 dans leur petite maison. En 1978, un premier atelier est installé derrière la maison. Pas d’électricité, ni d’eau, ni de téléphone. Mais des chèvres, si si, hého on est hippie ou on est pas hippie ? « Il n’y avait qu’une seule fenêtre et la cheminée ne tirait que quand on ouvrait la porte », se souvient-il en riant. En 97, après 20 ans de travail, tout s’accélère : ils ouvrent la boutique. Succès immédiat. Puis, un plus grand projet les anime : exposer des artistes du monde entier. Ils passent du Cantal à l’Aveyron, le département voisin, qui croit bien plus à leur projet. Aujourd’hui, Suzy est mondialement connue, elle expose des artistes européens et vend ses propres pièces. Elle travaille aux côtés de son fils Kelian qui assure l’avenir de cette belle histoire.
Je sais pas vous mais moi, j’adore. Je vous laisse imaginer mes yeux ronds. Je n’arrêtais pas de le couper de « Ha oui ? Noooonnn ? C’est pas vrai ! ». J’en avais presque la chair de poule. Franchement si Spielberg veut un scénar pour un prochain road movie romantique frenchie version success story aux accents terroir, qu’il m’appelle, on a peut-être quelque chose à bosser ensemble. Je suis sûre que les Américains adoreraient. Call me Steven !
Voici mes coups de cœur de l’expo du moment, intitulée « La nature comme modèle » : Edmée Delsol, Isabelle Leclercq et Wendy Lawrence, et plus bas des pièces d’artistes exposés dans la partie boutique.
Dans la partie boutique, je n’ai malheureusement pas pu noter les noms de tous les artistes. Les personnages sont d’Anne-Sophie Gilloen. Si vous reconnaissez les autres, dites-le moi en commentaire !
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