Un pot de départ, un déménagement, une dépendaison de crémaillère. Tout s’accélère. J’entame la dernière ligne droite de ce cycle de vie. Je me refuse à dire « mon ancienne vie » car comme dit mon cher Papa, « on ne refait pas sa vie, on la continue ». Toujours est-il que suis à la veille de quitter Paris, ma ville depuis 13 ans. Quitter Montmartre, ma tour, mon détour, mon amour. Ma famille, mes amis, ma troupe d’impro, mon atelier et mon job. Mais en réalité je ne quitte ni rien ni personne. Je pose juste mes bagages un peu plus loin sur cette petite planète. Un pet de moucheron à l’échelle de ce vaste monde. Et j’ai décidé de vivre plus mobile, alors je peux vous dire que vous verrez encore ma trogne un bon moment.
Cela fait des années que me trotte dans la tête l’idée d’être indépendante professionnellement. Je l’ai écrit et écrit dans des carnets, dessiné, programmé, décortiqué dans des cahiers… Cela fait quelques temps aussi que lentement mais sûrement, je ré-ouvre mes ailes et retrouve le goût de l’aventure. La rencontre de celui à côté de qui j’ai envie de vivre à présent a accéléré les choses, tout simplement. Et me voici à l’aube du changement.
Alors évidemment, on se se refait pas, ça turbine dans ma tête. Ça n’arrête pas. Les montagnes russes émotionnelles. L’enthousiasme, le stress, la légèreté, la gravité… Mais bizarrement, pas la peur. Et ça, c’est vraiment nouveau pour moi. J’ai toujours été une petite flippette dès qu’il s’est agi de passer à une nouvelle étape de ma vie. La puberté (dur), mon premier soutien-gorge (si si, on ne s’en rend pas compte mais c’est une vraie étape de vie pour certaines !), ma rentrée en sixième (pfiou), et en seconde (m’en parle pas), mon premier appart (ouais), mon premier CDI (la vache), mon déménagement à Favelle (catastrophe)… A chaque fois, tout s’est bien passé, mais au moment de me lancer, c’était « le début de la fin ». Il n’y a pas un de ces moments où je n’ai pas eu la peur de m’embarquer dans des choix « comme tout le monde », l’angoisse du mouton de Panurge, et le besoin de m’enfermer pour écrire et écrire et écrire encore, afin d’être sûre que ces choix-là, c’était bien « moi ». Il n’y a pas un de ces moments où ma mère n’était pas présente, rassurante et revigorante. Et toujours, en cas de vrai coup dur, je me suis réfugiée à Apremont, le village où j’ai grandi : une vraie source d’énergie.
Mais pas de peur cette fois. Et pourtant je m’apprête à quitter un appart’ que j’adore, la proximité d’avec ma famille, une équipe géniale, une ville dans laquelle j’ai appris à me sentir bien. Surtout, ce que je découvre en moi à travers cette décision, c’est ce besoin / plaisir / désir que j’ai de me sentir à la fois enracinée et mobile. Tantôt ancrée dans le sol, tantôt en plein envol. Attachée à ma famille, mes amis, et disponible pour de nouvelles rencontres. Peut-être que je n’ai pas besoin de choisir après tout ? Qu’une vie peut être faite de tout cela, pas forcément au même moment, pas forcément au même endroit ? Je suis partie pour chercher la bonne combinaison en tout cas. Je vous partagerai ici en images les rencontres que je ferai. Les nouveaux chemins que je prendrai. Ici, c’est en quelque sorte ma maison virtuelle, l’avantage c’est que je peux l’emmener partout avec moi. Et elle vous sera toujours ouverte pour des pique-nique jambon de pays / Chiroubles au soleil si ça vous va. Parce que chez Mel Billaud, c’est comme ça qu’on kiffe la vibe avec son mec.
Revenons tout de même au sujet principal de ce billet : savoir quitter Montmartre… pour mieux habiter quelques temps face au Mont-Blanc ! Cette fois, ce départ ne sonne pas comme une fin, mais plutôt comme un espoir. Ensuite, on verra où on posera nos bagages. Début novembre, c’est au sommet du Sacré-cœur que nous sommes allés nous dire « au-revoir ». On a passé un petit moment à repérer où se trouvait mon appartement. « Mais si tu vois, là devant l’église, il y a un renfoncement avec un arbre ! » – « Heu… non… » – « Mais si, là, au bout de mon doigt » – (…) Haaa siiiii… (rien vu) » Je vous promets, ça vaut le détour. Il faisait si beau, si doux, et les couleurs d’automne dansaient sur les toits de Paris. J’aime la Butte, inconditionnellement. Avec ses touristes, son ptit train et ses crêpes jambon-fromage. Je m’y sens chez moi et cette maison-là, comme toutes les autres, je l’emporte avec moi.
Voici quelques photos prises en argentique en 2002 (!) et tirées dans mon labo photo de l’époque à Levallois-Perret. Montmartre a toujours été comme un aimant pour moi.
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