4 jours de courses en montagne. Plus de 2000 mètres de dénivelé par jour. 4000 supporters sur la dernière épreuve. Des cloches à vache. Des équipements multicolores. Une vue imprenable sur le Mont Blanc. 220 binômes au départ. 180 à l’arrivée. Et à la 42ème position, mon pote depuis 20 ans, Christophe Engrand, et son coéquipier Christophe Rousset, président du club de ski alpinisme de Chamonix. Du 8 au 11 mars 2017, le binôme Chris et Tof a couru la 32ème Pierra Menta aux sommets du Beaufortain. La plus célèbre course de ski alpinisme au monde. Une course de légende. Le Tour de France du ski de rando. Je ne pouvais pas passer à côté d’une interview de Chris pour recueillir ses impressions, le sur-lendemain de cette mythique ascension. Voici quelques mots posés sur des sensations et sentiments pourtant indicibles, pour nous emmener aussi loin que possible avec lui, tout là-haut.
Mel : Qu’est ce que tu retiens de cette Pierra Menta 2017 ?
Chris : « C’est un moment de vie pur. On est comme hors du temps, hors du monde, déconnecté de tous les petits tracas du quotidien. Tout là-haut, tu décides de ta vie, sans filet de sécurité. Je me suis senti sur une autre planète, libre, de retour à l’état sauvage ! »
M. : Qu’aimes-tu dans la compétition ?
C. : « En fait, je ne suis pas très compet’ en règle générale, mais si je me lance, c’est pour tout donner. Et dans ce cas, je recherche une sorte de perfection : faire le moins d’erreurs possible, tout optimiser, donner le meilleur. J’aime le dépassement de soi, ça permet de mieux se connaître, physiquement et mentalement. C’est une vraie source de plaisir. On apprend aussi à mieux gérer son stress, pendant la course mais pas seulement. Dans la vie. Quand d’autres équipes arrivent sur soi et sont prêtes à nous dépasser, j’ai appris qu’il ne fallait surtout pas s’emballer, accélérer. Au contraire, la meilleure technique est de se détendre, garder un rythme régulier. Sur une épreuve longue comme celle-ci, le vent peut vite tourner, le mieux est de rester soi-même et s’écouter. »
M. : Quels sont tes meilleurs et pires souvenirs ?
C. : « Le pire, c’est sans hésiter la dernière descente du 2ème jour ! J’étais cuit. C’était très technique, j’ai enchaîné les erreurs en seulement 5 minutes. Heureusement, on ne s’est pas fait rattraper. Les meilleurs, c’est quand chaque jour tu passes la ligne d’arrivée, en particulier au Col de la Forclaz à la dernière étape. Il y a 4000 personnes qui applaudissent, encouragent les coureurs, les cloches sonnent, tout le monde est à fond. J’essayais de voir mes amis, ma belle-famille, Tiphaine, Mathieu, Lætitia, Christophe, Hugues… C’était un moment de fou. »
M. : Quel lien cela crée avec ton coéquipier ?
C. : « Avec Tof, on a toujours couru ensemble, ça crée un lien indicible. On éprouve un grand respect l’un pour l’autre parce qu’on sait ce que l’on vaut. Lui est plus rapide en descente, et à la montée, on est identiques. C’est hallucinant. Mais tu sais en montagne, on vit les choses avant tout et on ne parle pas beaucoup de tout cela. »
M. : Comment te sens-tu aujourd’hui, après une telle expérience ?
C. : « Libre. J’ai conscience d’avoir à la fois la chance que mon corps me permette de vivre ça, et heureux que ce soit le résultat d’années d’expérience et de choix de vie. »
Voir la première étape en vidéo de la Pierra Menta :
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