Vous les entendez, dans vos campagnes, mugir ces personnes interviewées au 20 heures : « tous pareils », « on a essayé la gauche, la droite, alors pourquoi pas Marine »… Rien que de l’entendre se faire appeler Marine m’arrache les oreilles, que je n’ai déjà pas en très bon état. Comme si elle faisait partie de notre entourage. Cette espèce de proximité me fait mal. Mais d’où ça sort ce truc ? Elle est venue bouffer chez vous ? Vous l’avez croisée au Carrouf ? Dans la rue ? Aaaah c’est vrai que ces derniers temps elle s’invite sur nos écrans, sur le parking de nos usines, dans nos bateaux de pêche, et même sur nos selfies… Mais ne nous y trompons pas : quand vous l’appelez Marine, elle, elle nous appelle Madame Michu.
Car soyons-en sûrs, c’est comme ça que ça se passe dans le secret de ses plans de campagne. Tout comme le font certains créatifs d’agences de pub ou journalistes de médias grand public. Fini Monsieur Tout le monde. Aux oubliettes les Tartempions ou autres « personnes lambda ». Mam’ Michu, c’est la nouvelle héroïne de ces temps tristement modernes. Celle à qui l’on s’adresse en priorité. Celle que l’on drague, un peu à contre-coeur parce que bon, faut dire que Mam’ Michu, elle n’est pas très séduisante hein. Pour « l’image de la marque », on préfère bien sûr s’adresser à Miss Micha. Blogueuse, instagrammeuse, fashionnista, beautista, tout ça tout ça. C’est beaucoup plus « premium » et « glamour ». Mais en vrai, on sait bien que c’est Madame Michu qui pousse son caddie chez Auchan, qui clique (de mieux en mieux d’ailleurs), qui achète… Et qui vote.
Nous toutes et tous, quoi. Car ne nous leurrons pas. Nous sommes tous la Madame Michu d’un autre. Et ça, notre amie « Marine » l’a trèèèèèès bien compris. Tu ajoutes à ça un peu de misère humaine, des épaules à serrer, des têtes rapprochées, des « je vous ai compris ». Ça donne cet entre-deux tours particulièrement populiste et pourri.
Alors levons la tête, votons et faisons-nous plutôt appeler Madame. Tout court.
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