Favelle ! Et oui, Favelle… Il fallait bien qu’un jour, j’écrive un billet sur ce lieu qui a donné longtemps son nom à ce blog si personnel.
2009 – 2019. Dix ans ont passé et ce mot évoque d’abord pour moi un fanion blanc flottant au vent, accroché à un arbre verdoyant. Une robe blanche et un regard bleu diamant. Une piscine gonflable remplie de petits et grands. Une fanfare, des jeux, des fleurs, des chants.
Et puis aussi, des soirées chantantes au coin du feu, une cuisine animée, pleine de vie et d’amis, des trajets à l’aube pour chopper le train pour Paris, du canard sauvage, des tartes tatin, des BD, un bébé chat, des araignées, des coquillettes jambon, des paris débiles, des parties de pétanque, des déguisements, des pieds nus dans la rosée, des chaises longues dans la prairie et un bureau avec vue sur le jardin, en été si vert, et tellement gris en hiver… Et pour le contrer, ce gris, on savait si bien y faire.
Une époque. La trentaine. Les premiers enfants des amis. La tribu qui s’agrandit. L’esprit Francis Family.
Sans charger ce billet de nostalgie, car ce n’est pas ce que je ressens aujourd’hui, force est de constater que Favelle reste dans mon coeur le symbole d’une étincelle. Le lieu d’amitiés à vie. Le lieu d’un ailleurs, aussi.
Et si la question qui se niche derrière le souvenir de cette petite maison de gardien d’un château en Sologne, au bord d’un étang truffé de cygnes sauvages et de ragondins tout aussi sauvages, c’était finalement « comment se remettre de quitter un lieu adoré ? » Avec la perte de sens et le vertige que cela entraîne… Et comme par hasard, c’est dans ma maison d’enfance que j’écris ce billet. En plein coeur du village où j’ai grandi, dans une campagne préservée où les insectes et les oiseaux crissent et chantent encore à coeur joie, année après année. Un lieu abandonné une fois à 8 ans puis retrouvé à 10, et jamais plus quitté.
Favelle, ma belle, aujourd’hui tu m’évoques ce jour du départ, le camion de déménagement tout juste disparu de notre champ de vision, allongés sur une large couverture, dans cette grande clairière qui n’est déjà plus à nous, à regarder une dernière fois les nuages se dessiner dans le ciel. Nos yeux grands ouverts. Embués. Nos visages fermés. Nos coeur gros et nos gorges serrées. Tu m’évoques la mélancolie mais aussi, cette petite excitation du retour au bercail. L’impatience de retrouver famille, amis, Paris, restos, impro et nouveaux boulots. Comme après un long voyage. La chaleur du retour dans le monde ordinaire. Changés mais toujours les mêmes.
Ma mère me disait hier : « savoir laisser partir ses enfants, c’est savoir les laisser revenir ».
Savoir quitter est un art.
Revenir : un instinct, une envie, une conviction, voire une philosophie.
Avant le prochain départ.
Favelle, le château, l’étang : photos prises un matin d’hiver 2009/2010
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