Mes chers parents avaient à coeur de nous emmener tout là-haut, à l’Aiguille du Midi, à 3 842 mètres d’altitude exactement. C’était la semaine dernière, à l’occasion de leurs vacances à Annecy. Sept heures de route nous séparent depuis près de trois ans maintenant et la distance nous pèse souvent. Alors on a décidé de défier ensemble les lois de la pesanteur.
Des racines…
Depuis que j’ai quitté Paris, je m’organise professionnellement pour revenir tous les mois et demi à la capitale, et je prolonge toujours par un week-end minimum dans mon village d’enfance, là où j’ai la chance de pouvoir retrouver mes parents et mon frère.
Quelqu’un me demandait d’ailleurs hier, autour d’une grande tablée de voisins, d’où je me sentais. Où étaient mes racines, finalement. Je n’ai pas réfléchi, j’ai dit Apremont. Et puis j’ai précisé : je me sens à la fois de ce petit village de campagne des Yvelines, mais aussi de Mantes-la-Jolie, la ville où j’ai traîné mon baggy et mes Adidas Gazelle au collège et au lycée. En fait je me sens l’âme d’une banlieusarde bercée au rap / jazz / techno hard core / Brassens, qui a eu la chance d’habiter dans une jolie maison à la campagne, d’aller en cours dans des classes multicolores et multiculturelles, et d’explorer les beautés discrètes et naturelles qu’offre la vallée de la Seine. Ce n’est pas pour rien que les Impressionnistes étaient amoureux de ce coin.
J’adore prendre le train Paris Saint Lazare > Mantes la Jolie. J’adore les ambiances de gares de banlieue. Les lignes que forment les rails et les câbles, les taggs de toutes les couleurs qui ornent les tunnels de sortie de la gare Saint-Lazare, la verdure qui rapidement apparaît à travers les fenêtres, la succession des familiers panneaux Houilles Carrière / Poissy / Les Mureaux / Gargenville… Et même les fumées de l’usine de Porcheville, c’est dire si j’ai la nostalgie peu regardante. Le ciel, les forêts et les champs de colza se découvrent et des souvenirs d’étudiante à la fac de Nanterre ressurgissent. Ce sentiment d’être allée extirper de la ville, de la foule et du béton des connaissances et de l’énergie, et de revenir au calme, dans la nature, au frais et au chaud à la fois, pour méditer et m’approprier tout cela.
… et des ailes
Mais revenons à nos moutons. Ou plutôt à nos mouflons. Car la semaine dernière, pas de champs de blés à l’horizon, non non. C’était le Mont Blanc qui nous accueillait dans son plus beau donjon. Nous nous sommes envolés tous les quatre – mes parents, Johann et moi – en téléphérique depuis Chamonix direction l’Aiguille du Midi, la plus haute des aiguilles du massif du Mont-Blanc. En 20 minutes, nous étions rendus à près de 4000 mètres d’altitude. Mon coeur battait la chamade à chaque passage de pylone et mes tympans jouaient des castagnettes.
Et tout là-haut : la MAGIE ! Des paysages étourdissants, des arrêtes montagneuses enneigées, des langues de neige immaculées, des nuages barbe-à-papa accrochés si près qu’on en aurait décroché des morceaux à bout de bras, la vue à 360° sur toutes les Alpes françaises, suisses et italiennes…
Voilà un de ces souvenirs qui restera gravé dans nos coeurs à jamais. Merci les parents de nous avoir fait prendre encore plus d’altitude. Fait respirer un autre air, pur et revigorant. De m’accompagner depuis toujours dans mes envolées. Grâce à vous, pour beaucoup, je peux me sentir enracinée tout au profond de moi et capable de déployer mes ailes (de choucas).
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