La Parisienne

La Parisienne, c’est elle, c’est moi. J’ai « croqué » ici une amie que j’aime d’amour. Elle et moi, c’est kiff kiff, on a juste des repères différents depuis que j’ai quitté Paris. Et ça ne nous empêche pas de nous appeler tous les 2 jours et demi.

En plus, 7 ans auparavant, je peux vous dire que j’étais la pire. Un mug en céramique trop stylé confectionné par un artisan des Abbesses à 75€ ? C’est vraiment cadeau. Une salade César à 26€ ? Donné. Un appart à Montmartre de 30m2 à 1200€ de loyer ? À qui je donne mon dossier ? Sans parler des 3000€ de salaire : la base pour vivre à la capitale.

Et puis la vie m’a amenée à quitter cette ville où exigence, esthétique, bouillonnement culturel et puces de lit sont maîtres mots. J’ai rejoint d’autres horizons, plus escarpés, et tout aussi exigeants et esthétiques, à leur façon : compter 576 mètres de dénivelé pour la ptite balade digestive du dimanche et 1,50€ pour un café au gîte de la Marmotte. Côté bouillonnement culturel, j’avoue avoir eu un peu de mal au début. Non pas que je soies une grande intellectuelle constamment affublée d’une écharpe rouge et d’un porte-cigarette (ce billet est REMPLI de clichés ? j’aime bien), mais je préfère quand-même les stand-up parisiens et les virées à Beaubourg au musée des cristaux de Chamonix et au Crescendo de Sallanches, que-quand-tu-l’as-fait-une-fois-tu-l’as-fait-pour-toute-ta-vie.

Franchement j’ai essayé, hein, de trouver tout ça, il y a 7 ans, quand j’ai rejoint Johann en Haute-Savoie. Et on en a découverts, des trésors naturels et culturels, dont le mythique Cosmo Jazz qui mêle les deux avec ses concerts de qualitey accessibles en randonney (big up André Manoukian !). Mais c’est à Annecy qu’on a finalement posé nos bagages, le temps de voir venir. La Parisienne que j’étais devenue en 13 ans, retrouvait un peu ses repères : coworking, salle de concert, ciné à 2 pas, restos en veux-tu en voilà. Ça va, on est en place. Johann lui aussi gardait les siens : montagnes grandioses, neige en hiver, beaufort affiné et cave pour farter ses skis. Tous les deux on s’inspirait mutuellement et on découvrait ensemble les plaisirs de vivre au bord d’un lac turquoise toute l’année. On y a tellement bien trouvé notre compte qu’on y est restés plus de 3 ans.

Mais moi, j’avais toujours dans mon ptit coeur désormais boosté aux globules rouge, un manque. Une case vide. Un regret accroché à tout mon être par-delà les montagnes et les sommets. Celui de passer à côté de moments simples avec ma famille et mes amis. La crainte, à force d’explorer ailleurs, de perdre de vue les miens. De perdre de vue mon phare. Et de me perdre avec.

Alors une pandémie plus tard, nous sommes rentrés au bercail. Non pas à la capitale, mais dans notre petit village du Vexin. « Les montagnes du coin », pour ceux qui savent. Le prix du café double expresso du Chiquito est fort convenable. Le cours de yoga du mardi matin au foyer rural n’a rien à envier au hot yoga d’Annecy spécial transpi sous 40°C. On y a retrouvé la chaleur des poulets du dimanche, des grandes tablées, des générations mélangées, des sessions d’atelier, des répét’ de musique et des services rendus entre voisins. La nature y est plus discrète mais tout aussi foisonnante. Et bientôt nous partagerons un bureau avec d’autres indépendantes sur la place principale du village.

D’autres codes, d’autres repères… Cela prend du temps de se sentir chez soi, ailleurs. A l’inverse, quand on part, on peut aussi se sentir ailleurs, chez soi, comme au retour d’un grand voyage.

J’aurais tant aimé échanger sur ce sujet avec mon arrière grand-mère, Jeanne, restée longtemps nomade avant de se sédentariser. Mais peut-être que ça se passe, qui sait ?

Une réponse à « La Parisienne »

  1. Encore une fois, BRAVO ! Jeanne a laissé des traces ADN en toi… tu aimes toujours « nomader » avec ton sac à dos.
    Mais même Ulysse est revenu à Ithaque dans son ile natale et sa maison où « il passa tranquille le reste de son âge… ».

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